Steve Bandoma au CCF Pointe-Noire













Mon cheval blanc,form ecstasy series,2011

« Le travail actuel de Steve Bandoma semble relever d’une sorte d’expressionisme mâtiné de surréalisme. Sa façon de rendre un monde en déflagaration nous renvoie à l’idée de destruction, de bombardement, d’anéantissement et ne semble pas étranger aux violences des guerres qui ont déchirées l’Est de la République Démocratique du Congo. Mais un je-ne-sais-quoi de fragile en mitige le pathétique pour le plonger dans une sorte d’onirisme désenchanté. Peut-être est-ce du fait de l’effort volontaire de cet artiste de ne pas coller trop littéralement à une conjoncture qui, quoique mondiale, semble être devenue sur toutes les chaines de télévision du monde, sur Internet et les journaux la carte postale du Continent ?
En effet, l’artiste nous transporte dans un monde intermédiaire entre préocupations temporelles et saut dans l’ intemporel. En cela son attitude est celle des

artistes d’aujourd’hui, non strictement localisés, et qui inventent un langage nouveau à partir d’éléments rassemblés aux quatre coins du globe. D’ailleurs, si l’on ne cherche pas à établir le parallèle volontaire entre l’oeuvre et l’espace territorial originel de l’artiste, force nous est de constater sa non territorialité. Il ne s’agit donc plus ici d’une dynamique de glocalisation, comme on a pu le dire au sujet d’artistes qui investissent le coeur du monde des questions liées à leur ancrage géographique ou ethnique en partant du local vers le global, mais de celle qui sur l’établi de la motilité des influences planétaires forge un art de partout et de nulle part. Un art qui est celui né d’une culture commune, universelle et qui prend racine sur tous les sols, voir en dehors des sols.
La première impression que nous avons eu devant cette création était son apparence végétale: on aurait dit des actes épars qui cherchaient à ce raciner dans l’espace. Une sorte d’errance, de

dérive spatiale après une sorte d’explosion primordiale, mais dont les éléments seraient restés pris dans une sorte de gélatine. L’artiste serait-il en quête ou serait-il au delà de la quête, dans un ailleurs sans issue, une accélération de la prise de fuite, depuis la rupture amorcée avec les formules un peu rances de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa? Cela est bien possible.
Steve Bandoma a fait partie du groupe Librisme synergie (dont la naissance remonte à l’année 2002), l’une des branches du Librisme originel, mouvement de l’art contemporain kinois qui refusa dès 1996 l’enfermement dans les poncifs académiques basés sur le naturalisme et l’art négro-africain ».


Patrick Tankama
artiste plasticien et critique d’art